Mariam est fille de la Terre Sainte


A Emmaüs c’est lorsque Jésus rompt le Pain et le leur donne, que les disciples le reconnaissent, Ressuscité. Il peut alors disparaître à leurs yeux puisque, une fois consommé, il leur est devenu désormais tout intérieur. Mais avant d’en arriver là, Jésus marche aux cotés des disciples, écoute leur peine, leurs peurs, leur désespoir et leur rêves déçus. Il écoute leur décision de tout abandonner, parce qu’Il semble les avoir abandonnés.

En compagnon de route, Il chemine avec les siens, alors que lui-même est le chemin. Il leur enseigne  les « événements » (Luc 24, 19) survenus à Jérusalem. « Il leur explique l’Écriture » (Luc 24, 27), les promesses, les prophéties qu’elle contient. Et finalement il leur parle de la réalisation de ces prophéties, pour leur révéler la vérité « le concernant » (Luc 24, 27) ; vérité qui conduit à la vie. De cette manière, ses élus ont une assurance nouvelle sur leur destination, eux qui étaient perdus,  « tout tristes » (Luc 24, 17).

Souvent nous nous identifions aux disciples d’Emmaüs, dans leur marche, leur déception et finalement la réponse du Maitre. Eux, des gens peureux et douteux, se convertissent en messagers qui annoncent. Ils changent d’attitudes et de chemin : vivre c’est se laisser changer, se laisser toucher par le Christ sur tous les plans : physique, affectif et sur le plan de la foi.

 A partir de cette rencontre « nos yeux le reconnaitrons » (Luc 24, 31) et nous témoigneront alors de cette Foi, de cette joie.

En nous aussi, quelque chose doit changer : dans nos attitudes, dans nos relations les unes avec les autres, par rapport aux règles intérieures, fidèles au charisme de Mariam et de la petite Sainte Thérèse… Changer dans le sens de grandir, de mûrir…

Continuons notre méditation de l’épisode d’Emmaüs, en changeant de protagonistes : au lieu de nous mettre dans la peau des disciples, mettons nous à la place de Jésus. Il aime, a de la patience, il écoute, il marche, il accompagne, il partage les soucis des autres, il fait semblant d’être loin, de nous quitter, de nous laisser seuls dans la nuit, dans le doute et dans des situations bien verrouillées.

Comme supérieure ou comme simple Carmélite, en face des autres sœurs qui passent des moments aussi compliqués que les disciples d’Emmaüs, quelle est ma position, quel est mon état d’âme, pour écouter, patienter, conseiller et peut-être prier en silence pour telle ou telle âme ?! Et enfin trouver la vraie réponse à travers le partage : le partage des soucis, le partage et la communion de l’eucharistie.

« Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent » (Luc 24, 31)

Mais on peut remonter encore plus loin : à l’aube des temps le Serpent de la Genèse avait trompé Adam et Eve en les incitant à manger le fruit défendu par Dieu, car alors, disait-il, « vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal »… Mais si leurs yeux s’étaient alors ouverts, c’était pour s’apercevoir qu’ils étaient nus, sans rien.

Nous habitants de cette Terre, cheminant dans l’histoire et l’espace, accompagnant les fidèles par notre souci pastoral, par la charité et nos prières, chaque fois que nous nous séparons du Seigneur, c’est vrai que nos yeux s’ouvrent, mais pour voir que nous ne sommes rien. Nous ne sommes qu’une petite créature de rien, et s’il y a en nous quelque chose de grand, de beau et de bon, cela vient de Lui. Oui Seigneur nous te prions aujourd’hui, ouvre nos yeux pour voir à quel point nous somme vulnérables, pour nous voir tels que nous sommes vraiment, sans illusions…

Auprès de Jésus à Emmaüs, c’est toute l’histoire du Salut qui est accomplie, achevée : le salut du monde et mon salut personnel. Jésus est allé chercher l’homme au cœur de la  nuit et l’a revêtu des vêtements du salut. Auprès de Lui, les cœurs sont devenus brûlants de ce feu de l’Alliance inscrite dans les cœurs. Les yeux se sont ouverts et dans ce nouveau fruit, qu’est le Pain vivant, la vie nouvelle du Ressuscité a pénétré leur cœur, leur être et les a entièrement renouvelés…

« Voici que je viens faire toute chose nouvelle » nous dit ce Lieu Saint d’Emmaüs du plus profond de la nuit, tout comme nous le dit la vie de Mariam.

C’est le Mystère de la Terre Sainte : l’Esprit Saint Lui-même a conduit des hommes et des femmes, les a retrouvés en ces deux lieux de Bethléem et d’Emmaüs, comme dans bien d’autres encore… C’est tout le Mystère de l’Incarnation présent encore aujourd’hui, c’est une Présence de Salut qui y demeure, nous attend, nous rejoint. Mariam, comme tant d’autres personnes choisies, en a été l’instrument. Beaucoup d’autres moments de sa vie illustrent ce lien très fort entre sa vie et les Lieux Saints. Elle nous rend souvent visible l’invisible, l’immense Amour de Dieu, la Communion des Saints, le don du Cœur de Dieu… C’est d’ailleurs probablement le jour de la fête du Sacré Cœur que le Seigneur a fait reconnaître Emmaüs à Mariam.

Jésus, par l’Incarnation, est venu épouser l’humanité pour partager sa nature divine ;

La vierge Marie, portant son Fils en son sein, et pleine de grâce, va chez sa cousine partager sa joie et sa nouvelle mission. Toute grâce qui nous est donnée, doit être partagée et mise au service des autres. Mariam n’échappe pas à cette règle.

… En 1876 une religieuse de St Joseph, Sr Joséphine, est gravement malade à Chypre. On s’attend à sa mort d’un moment à l’autre, quand elle voit entrer une carmélite entourée de lumière entrer dans sa cellule : Sr Marie de Jésus Crucifié est là, miraculeusement, parle avec elle, lui annonce sa guérison et qu’elle aura encore beaucoup de bien à faire. Quelques années après, Sr Joséphine va découvrir le lieu où avait été déposée l’Arche d’Alliance à Kyriat Yearim, lieu qu’elle avait vu depuis son enfance comme une montagne toute embrasée de feu… Or c’est à Kyriat Yearim / Abu Gosh que Mariam situe la rencontre sur la route de Jésus avec les disciples découragés. Tout au long du chemin il leur explique les Écritures et leur cœur devient tout brûlant. Dieu avait promis qu’un jour l’Alliance serait pour toujours inscrite sur les cœurs et non plus sur les tables de pierre. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint, mais à condition de notre part, de le laisser faire.

Ce que nous suggère l’Esprit Saint, à partir de cette journée :

Cheminer ensemble :

-        « Deux Disciples se rendaient à un village du nom d’Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem » (Luc 24,13)…

-       « Jésus se mit à cheminer avec eux » (Luc 24, 14)

-       « Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? » (Luc 24, 15)

-       « A leur tour, ils racontèrent ce qui s’était passé sur la route » (Luc 24, 35)

L’insistance de cheminement intérieur et extérieur, nous renvoie à la mission. Et missionnaires, tous nous le sommes, nous sommes comme ces missionnaires que le même Seigneur envoie deux par deux pour l’annoncer aux peuples.  « Seigneur montre-moi tes chemins » (Ps118)

Écouter le long du chemin : C’est au long du chemin que Jésus aide les disciples et nous aide à comprendre le sens de la souffrance et de la mort. A tel point que «  leur cœur et nos cœurs commencent à bruler ».Il ne suffit pas de vivre ensemble dans le même Carmel, il ne suffit pas de cheminer ensemble. Nous avons toujours besoin de cette disponibilité d’écoute réciproque, qui est à la base de tout dialogue.

Accueillir dans la maison : l’accueil et l’hospitalité était la première prière que l’Église a adressé au Ressuscité : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse » (Luc 24, 28). Et « Il entra pour rester avec eux ». Il aime rester, il aime revenir, il aime se reposer chez nous, dans notre Carmel, dans notre Église et dans notre cœur.

« Rester avec », est un geste qui abolit la peur de l’autre, le doute ou les soupçons. C’est un geste de communion. Tout le chapitre 15 de Saint Jean parle de cette intimité de Jésus avec ses amis qui gardent ses commandements et chez lesquels Il demeure.

Partager le pain rompu : La fraction du pain est mentionnée deux fois (v.30 et v.35). Le v.30 reprend littéralement l’Institution de l’Eucharistie (Luc 22,19) et l’expression «  rompre le pain » devient chez la première communauté chrétienne l’équivalent de l’Eucharistie (Actes 2,46). C’est pour dire que l’accueil et l’écoute supposent le partage et la Communion à l’intérieur même du Carmel, de la paroisse et de l’Église. L’Écriture et l’Eucharistie partagée sont le lieu idéal pour rencontrer le Christ Ressuscité. Ici à Emmaüs nous avons tout cela.

Extrait Homélie de Sb Mgr. Fouad Twal
Patriarche de Jérusalem
Session sur Marie de Jésus Crucifié, 2 Mai 2012


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